Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Marathon aux JO 2024 : l’incroyable triptyque de la vainqueure néerlandaise Sifan Hassan

Parti de l’Hôtel de ville de Paris, siège de la Commune en 1871, et empruntant le parcours des femmes qui, en octobre 1789, se rendirent à Versailles pour ramener à Paris le roi et sa famille, le marathon féminin des Jeux olympiques de Paris 2024 aura accouché, dimanche 11 août, d’un crime de lèse-majesté. Dans le décor sublime de l’arrivée, au pied du dôme des Invalides, la Néerlandaise d’origine éthiopienne Sifan Hassan a déposé au finish la favorite éthiopienne Tigist Assefa, avec, à la clé, un nouveau record olympique (2 h 22 min 55 s). La Kényane Hellen Obiri a terminé troisième.
Ce titre s’ajoute à deux médailles de bronze, au 5 000 m et au 10 000 m, et intervient au bout de sa quatrième course disputée. Avant ce marathon, elle avait déjà pris le départ d’une série du 5 000 m le 2 août, la finale du même 5 000 m, le 5 août, puis la finale du 10 000 m, le 9 août. Lors de l’édition précédente des Jeux olympiques, à Tokyo, en 2021, elle avait déjà été alignée sur trois distances, se parant d’or sur 5 000 et 10 000 m, de bronze sur 1 500 m. « Cela a été dur du début à la fin, a assuré la championne, dimanche après la course. A chaque étape du parcours, je me disais : “Pourquoi as-tu couru le 5 000 et le 10 000 ? Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?” »
La performance parisienne devrait donc être saluée comme l’exploit de ces Jeux en athlétisme. Elle devrait être fêtée sans retenue, comme l’ont fait les supporteurs néerlandais massés dans les tribunes plombées de soleil. Si la carrière de la championne n’était entachée d’une ombre permanente : Sifan Hassan est l’objet de soupçon depuis que son entraîneur, l’Américain Alberto Salazar, a été suspendu pendant quatre ans pour incitation au dopage en 2019. Responsable de l’Oregon Project, structure de haut niveau financée par Nike – dont faisait partie la sportive –, le gourou était déjà aux côtés du Britannique Mo Farah, devenu Sir après quatre titres olympiques glanés à Londres et à Rio.
Sifan Hassan, âgée de 31 ans, n’a jamais été convaincue de tricherie, n’a jamais été contrôlée positive. Mais il suffisait d’observer la soupe à la grimace des battues du jour, d’écouter dans les langues qu’on maîtrisait à peu près les faux-fuyants des coureuses interrogées sur cette performance, saluant du bout des lèvres la vainqueure, pour palper le malaise. « Je suis très contente pour elle, affirmait, lapidaire, Mekdes Woldu, la Française d’origine érythréenne, qui a terminé vingtième. C’est costaud. » Dans cette confrérie du marathon, où l’expérience partagée de la douleur incite à la sororité, les hommages étaient au minimum. Onze athlètes sur 91, pourtant surentraînées, ont abandonné.
Il vous reste 50.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish